Euphoria : L’univers artistique d’Elissar Kanso
Texte : Carlos Olivera, photos : Ron Vargas
La création d’un univers particulier est, a mon avis, l’un des éléments les plus intéressants qu’un artiste peut concevoir. Et c’est exactement ce qui l’artiste Elissar Kanso nous propose dans sa dernière exposition « Euphoria » : un univers d’images inspirées des mascarons et des statues qui se trouvent partout (si on sait les chercher) dans la ville de Bordeaux. Des mascarons qui sont aussi une réminiscence de l’histoire de la ville comme port et carrefour de cultures, de son passé glorieux de marchands de vin et d’épices arrivés d’outre-mer, et des visages qui servent de point de repère aux nouveaux arrivants de la ville actuelle, une ville qui reprend peu à peu cet esprit cosmopolite. Et Elissar Kanso est bien un exemple de cet esprit : artiste Libanaise qui vit et travaille depuis 8 ans à Bordeaux, et qui en plus de la France a participé à de nombreuses expositions collectives en Espagne, Syrie, Jordanie et à Beyrouth.
L’exposition de peintures « Euphoria », qu’on peut visiter dans la cour de l’hôtel de Sèze à Bordeaux, nous transporte dans cet univers de formes et de couleurs qu’elle a créé, et qui sont le résultat de son expérience bordelaise, de sa rencontre avec cette ville et de sa fascination pour son nouveau chez-elle. En même temps ces peintures, qui paraissent témoigner d’une réalité lointaine, belle mais un peu décadente sont des images qui, on peut l’imaginer, sont profondément ancrées dans son histoire personnelle : son enfance au Liban, la guerre et les traces qu’elle a laissé en Beyrouth, le féminisme au Moyen Orient.
Ainsi, « Euphoria » nous propose une exposition de peintures pleines de couleurs et de vie qui contrastent avec les visages mélancoliques aux airs anciens présents dans la majorité des peintures. Ce contraste donne comme résultat un équilibre qui semble fragile mais qui donne une force spéciale à cette exposition. Les personnages, traités avec une énergie qui les rend presque vivants, se mélangent avec des éléments inattendus comme les prises électriques qu’on trouve dans chaque tableau (une marque de fabrique de l’artiste).
On a voulu imaginer le pourquoi de ces prises électriques, avant même de demander à l’artiste. Peut-être sont-elles là pour animer ces personnages, comme une métaphore de notre monde occidental contemporain, sa société de consommation et le mythe du progrès qu’elle entraine…
Biographie de l’artiste
Elissar Kanso est une artiste libanaise qui vit et travaille en France depuis 2010 et qui est co-présidente de l’association Connectif Plateforme Créative Bordeaux Beyrouth. Actuellement, elle finalise un doctorat à l’Université de Pau et des pays de L’Adour.
Ses recherches en Arts sont profondément impliquées dans son histoire personnelle, questionnant l’idée de l’acte de peindre comme étant métaphorique. Elle participe à de nombreuses expositions collectives en France, Espagne, Syrie, Jordanie et à Beyrouth. Trois de ses œuvres ont été acquis par l’artothèque de l’université Bordeaux Montaigne. Son projet artistique Casting est retenu par un appel à projet international (ICI) et sera présenté à Budapest en 2018. Il est aussi retenu pour l’exposition collective Grand Prix Bernard Magrez en Juillet 2017.
0 Comments